Critique | The DIG

Jeu créé par Lucasfilm Games, aujourd’hui LucasArts, et sorti en 1995, The DIG n’est pas le jeu le plus connu de la firme. Son manque d’humour, en comparaison des autres productions du studio, a laissé de nombreux joueurs sceptiques. Mais ce qui ne laisse en aucun cas sceptique c’est bien l’ambiance du jeu qui provient, en grande partie, des musiques de Michael Land, déjà responsable des musiques de Monkey Island et précurseur dans la musique de jeu vidéo grâce au système iMuse.

Compositeur : Michael Land
Nombre de disque : 1
Nombre de pistes : 11
Durée totale : 40 minutes
Date de sortie : 1996

Bien que la musique du jeu puisse s’écouter sans connaître le jeu en lui-même, je pense qu’il est nécessaire de faire un petit retour sur les histoires du jeu. Je dis les histoires car le scénario du jeu est intéressant mais l’histoire de la création du jeu n’est pas étrangère à la qualité des musiques.

En ce qui concerne le scénario, il est le suivant : alors qu’une météorite menace de percuter la Terre, une équipe est envoyée dans l’espace pour trouver un moyen de la stopper. Sa mission accomplie, l’équipe découvre une civilisation extra-terrestre au sein même du météorite. Soudain, les membres de l’équipage sont instantanément transportés sur une planète inconnue. Ils vont alors devoir trouver le moyen de rentrer chez eux en vie.

On est donc face à un scénario type de science-fiction. Mais pas n’importe quel scénario, puisque ce dernier était à la base destiné à devenir un film réalisé par Steven Spielberg lui-même. Les coûts de production qu’aurait engendré ce film étant trop élevé, le projet est abandonné. Le projet sera alors repris par Lucasfilm Games pour en faire un point & clic.

Tout devient clair. Le jeu n’est pas qu’un jeu mais se veut comme un véritable « film » interactif. Les aspirations cinématographiques sont d’ailleurs relativement claires dans le jeu, bien que celui-ci soit en « pixels ». Et qui dit film, dit bande originale, du moins pour les bons films. Je pense que la qualité de l’OST du jeu, pour un jeu sorti en 1995, provient bien de là. Le jeu est pensé comme un film, sa musique va donc être pensée comme celle d’un film…

On touche donc au cœur du sujet (qui a dit enfin ?!), la bande originale du jeu. La première impression qui se dégage des musiques de The DIG, c’est le vide…Non, pas le vide au sens péjoratif du terme, mais le vide au sens « spatial » du terme. Le vide interstellaire. En effet, les notes de musique s’enchainent dans le calme et tout en rondeur. Aucune transition brusque, aucune envolée lyrique non préparée, tout s’enchaine avec une logique implacable. De fait, on se laisse porter dans l’espace, calme, sans bruit, dans lequel les astéroïdes flottent lentement.

En fait, un sentiment de plénitude se dégage de toute la bande originale. Si après ça vous êtes pas zen…

Mission to the Astéroïd
Toutes les images classiques de voyage dans l’espace nous reviennent alors. Le soleil levant ou couchant sur la fusée, la préparation, le décollage et, pour finir, l’arrivée dans l’espace, le vide, le calme…

Tout l’album se laisse écouter de la même façon que Mission to the Astéroïd. Ca coule de source, ça apaise, et de temps à autre des chœurs viennent nous bercer un peu plus et nous emmener plus haut encore…

L’OST est clairement pensé pour s’écouter d’une traite et il est vrai qu’il est difficile d’en écouter un seul morceau et de s’arrêter ensuite sans ressentir une frustration. D’ailleurs, lorsqu’on met la bande-originale en musique de fond, en faisant autre chose, dès que la musique touche à sa fin, on a une impression de manque. Mais quelques ovnis viennent s’immiscer dans cette plénitude (un comble pour un jeu sur une civilisation extra-terrestre).

Ghosts
Le morceau Ghosts vient comme un véritable élément perturbateur et est vraiment étrange à écouter au début. Tout commence relativement simplement avec un rythme un peu spécial mais…soudain l’accélération. On se demande presque si ce n’est pas le disque qui passe en accéléré. Cette cassure dans l’harmonie du morceau (et donc de l’album) nous fait émerger et provoque un stress important dans cet univers de vide où tout se déroule dans un calme olympien.

Au final, il est difficile de trouver des défauts à cet OST qui va beaucoup puiser dans la musique classique et l’opéra. Il y a une véritable recherche musicale et en plus, jeu ou non, on peut l’écouter sans se lasser. Pour certains, la bande-originale de The DIG peut sembler répétitive, c’est vrai. On a plus l’impression d’avoir à faire à un long thème qu’à une suite de plusieurs morceaux. Mais c’est le propre de ce type de création qui, en fait, raconte une histoire complète s’écoutant du début à la fin. Pour moi, l’OST mérite donc sa note.

Ecrit par Yvan Seej, membre du Seigneur des Annours


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